Vidéosurveillance, reconnaissance faciale, traçage sur internet, géolocalisation… la vie privée est fortement attaquée et s’émiette à grande vitesse ces dernières années.⁵⁸ Linky est conçu pour devenir un véritable cheval de Troie dans les foyers afin de collecter des données au service des industriels.

« Le compteur Linky est le premier objet connecté imposé dans nos foyers » ⁵⁹

Me Édouard Raffin, avocat au barreau de Lyon

Le big data – le nouvel eldorado d’Enedis

Le big data, c’est cet ensemble faramineux de données numériques exploitées par l’intelligence artificielle dans des data centers. Les géants du web Google, Amazon et Facebook ont été les premiers à déployer cette technologie et à en faire un business fructueux. Aujourd’hui, ce marché est l’un des plus lucratifs et il serait évalué à 1 000 milliards d’euros vers 2020.⁶⁰

« Nous sommes désormais un opérateur du big data qui va bientôt gérer 35 millions de capteurs connectés »

déclaration de Philippe Monloubou, ex-président du directoire d’Enedis⁶¹

L’organisation du pillage des données privées

Courbe de charge = surveillance et monétisation

Chaque jour Linky collecte une courbe de charge⁶² de plusieurs milliers de points de mesures. Sa précision est telle qu’elle permet l’identification des appareils branchés sur le réseau domestique⁶³ comme la machine à laver et le téléviseur, et même le film que l’usager est en train de visionner.⁶⁴ Rien n’empêche Enedis de monétiser l’intelligence statistique issue de la masse de données générées et envoyées par le capteur.⁶⁵

Stockage des données sans le consentement de l’usager

L’état a autorisé Enedis à stocker « par défaut », sans consentement explicite de l’usager, la courbe de charge électrique dans la mémoire du Linky.⁶⁶ Le problème, c’est que l’usager n’est pas mis au courant de sa faculté de s’opposer à ce stockage par défaut.

Les questions que vous pourriez vous poser

Mes données sont-elles sécurisées ?

Les données seront cryptées. Attention, cryptées ne veut pas dire sécurisées. Enedis a mis en place un dispositif de chiffement des données mais les compteurs communicants restent piratables.⁶⁷ L’informatisation des réseaux électriques rend l’usager vulnérable à l’espionnage et à la spoliation. La presse relate régulièrement de vastes piratages de comptes privés, même au sein d’entreprises aux infrastructures très sécurisées : Google Plus (mars 2019) ⁶⁸, Facebook (septembre 2018) ⁶⁹, la sécurité sociale américaine (juillet 2015).⁷⁰

Linky peut-il devenir un outil de surveillance ?

« La remontée automatique d’informations via Linky, qui est un véritable ordinateur, représente un formidable outil d’investigation pour les services de police et de gendarmerie. C’est l’indic idéal ». Linky, pièce maîtresse du réseau intelligent de distribution de l’énergie, le « smart grid », est un mouchard en puissance.⁷¹

José Mercier, maire de Bovel, pense que la sécurité n’est pas préservée. En octobre 2018, il a pris un arrêté pour la prévention des risques en matière de sécurité incendie, de protection des personnes et des biens.⁷⁸ Sa lettre aux élus informant de cette disposition était accompagnée d’un document recensant des incendies au départ du compteur Linky après sa pose.⁷⁹

Norme – quelle norme ?

Les poseurs d’Enedis installent le Linky sur des platines en bois et enfreignent la norme NFC 14-100 imposant l’installation sur une platine en matière auto-extinguible. Pour des raisons de sécurité, cette norme restreint les lieux de pose des nouveaux compteurs. Les poseurs n’en tiennent nullement compte. De plus, elle interdit formellement la possibilité d’un réenclenchement automatique en amont du disjoncteur alors que c’est le principe même du Linky.⁸⁰

Promotelec – la censure qui met le feu aux poudres

En avril 2018, Promotelec informe sur son site d’une alerte aux risques de feu potentiels lors de l’augmentation de puissance des compteurs Linky lorsque la section des câbles n’est pas adaptée à cette puissance.⁸¹ Puis, il supprime quelques semaines plus tard le passage compromettant alors que des millions de foyers sont obligés de passer à la puissance supérieure.⁸² Quand on sait que le nouveau président de Promotelec, Thierry Le Boucher, a fait toute sa carrière chez EDF, ça questionne.⁸³

Comment bâcler la pose du Linky

Les poseurs sont souvent des demandeurs d’emploi, rarement électriciens de métier, recevant une formation minimaliste. Des primes pour récompenser les poseurs qui font du chiffre existent et encouragent la pose forcée au détriment de la qualité et de la sûreté. Ce n’est pas étonnant qu’il y ait des incendies au départ du Linky dus à une pose défaillante.⁸⁴

Y’a pas le feu !

Un exemple parmi tant d’autres : ⁸⁵ la famille Morel a vu une partie de sa maison partir en flammes, un mois après l’installation d’un compteur Linky. Ils ont engagé les procédures d’analyse nécessaires pour connaître la vérité sur la cause de l’incendie. Mais très vite : « On a cherché à acheter notre silence », déclarent-ils. Un expert d’Enedis leur a demandé de suspendre ces analyses, de signer une clause de confidentialité sur l’affaire en leur affirmant qu’en contrepartie Enedis les indemniserait de l’intégralité du sinistre.

Illustration : Hervé Pinel

Aujourd’hui, l’avenir de notre planète nous concerne tous. Face à cet enjeu sans précédent, il est essentiel que les nouvelles technologies n’aggravent pas la crise.

Linky est présenté fièrement par Enedis comme un rouage essentiel de la transition énergétique…

Linky n’a de vert que sa couleur

• Gâchis de matières premières = 45 000 tonnes ou 7 fois la tour Eiffel :
  35 millions de compteurs : c’est le nombre de compteurs fonctionnels qui vont être remplacés par Linky. Ce gâchis de matières premières est en soi une aberration écologique.
• Nouveaux compteurs = nouveaux déchets :
  Ce projet économique engendre la création de nouveaux compteurs et donc de nouveaux déchets. Par exemple, l’emballage pour les envois s’élève à 4 000 tonnes. De surcroît, les nouveaux compteurs ne sont pas éco-conçus et la liste des matériaux utilisés n’est pas communiquée.
• Durée de vie : compteurs bleus : 60 ans – Linky : 10 à 20 ans :
  Linky embarque un ordinateur. Connaît-on des ordinateurs qui atteignent facilement 20 ans d’âge ? À l’évidence, la durée de vie des compteurs électriques va être divisée par deux voire trois.
• Data centers énergivores :
  La gestion des données implique de nouvelles dépenses énergétiques, notamment pour effectuer leur stockage dans des data centers, infrastructures que l’on sait très énergivores.⁹⁰ Il y aurait 180 data centers en France et leur consommation annuelle représentait 3 TWh en 2015, soit davantage que la consommation électrique de la ville de Lyon.⁹¹

Ceci est incompatible avec une vraie transition énergétique.⁹²

Linky aide-t-il à maîtriser sa consommation d’énergie ?

« Le système Linky n’apportera pas les bénéfices annoncés en ce qui concerne la maîtrise de la demande d’énergie. »

La Cour des comptes en février 2018

Ces compteurs devaient faciliter la lecture de la consommation réelle via un compte en ligne, afin de pouvoir réaliser des économies de facture. « Dans les faits, c’est un véritable parcours du combattant pour avoir des informations simples »⁹³, sans aucune garantie pour les usagers de réaliser une économie d’énergie.

Dans la pratique, ce n’est pas connaître sa consommation via ces outils connectés qui va inciter l’usager à réaliser des économies, mais sa motivation individuelle en ce sens.

Linky est inutile pour faire économiser de l’énergie aux usagers. Les seuls bénéfices sont pour Enedis, qui pourrait mieux maîtriser son réseau de distribution.

Un réseau électrique plus écologique peut se passer de compteurs communicants

« Le choix de déployer le Linky a été fait non pas pour la transition énergétique, mais uniquement pour les investissements sur le réseau. »

Déclaration de la DGEC (direction générale de l’énergie et du climat) ⁹⁴

Illustration : Tommy

Enedis s’appuie sur différentes études pour faire passer la pilule Linky. La mission des institutions devrait être de préserver et d’agir pour le bien commun. Qu’en est-il de l’intégrité de ces organismes ?⁹⁷

Pour qui roule l’ANSES ?

En 2017, alertée par des chercheurs (INSERM, CNRS, INRA) sur l’effet dévastateur des fongicides SDHI 98, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) balaye leurs arguments et craintes et refuse de suspendre la vente du boscalid ⁹⁹ que l’Autorité sanitaire américaine a classé comme « cancérogène probable ».

En 2019, le tribunal administratif de Lyon a annulé la décision de l’ANSES de mise sur le marché du Round Up Pro 360 de Monsanto. Le tribunal a estimé « que les études scientifiques et les expériences animales montraient qu’il est un produit potentiellement cancérigène pour l’homme ».¹⁰⁰

L’ANSES protège visiblement les intérêts de l’industrie agrochimique au détriment de la santé publique. Que vaut alors son rapport de juin 2017 sur le Linky ?¹⁰¹

Le CSTB – pris en flagrant délit de fraude scientifique

Le Centre scientifiqueet technique du bâtiment (CSTB), missionné par l’ANSES, a réalisé des mesures afin de caractériser le rayonnement des câbles électriques dans lesquels circulent les courants CPL Linky du réseau domestique. Les ingénieurs du CSTB ont réalisé ces mesures sur une rallonge à fils torsadés, solution connue pour réduire le champ magnétique à un niveau pratiquement négligeable. C’est une fraude scientifique.¹⁰²

L’OMS – sous contrôle des industriels

Physicien et docteur en biologie, Michael Repacholi a été pendant 10 ans le coordinateur du Projet international CEM lancé par l’OMS en 1996 pour l’étude des champs électromagnétiques.¹⁰³ Il est prouvé que le processus d’établissement des limites d’exposition aux champs électromagnétiques a été influencé par l’industrie électrique. Celle-ci a financé ce projet à plus de 40 % du budget (725 000 $ en 2005 – 2006) en violation des règles de l’OMS concernant les conflits d’intérêts.¹⁰⁴

Devant le Sénat australien, Michael Repacholi a reconnu en août 2000 que la norme d’exposition aux radiofréquences « n’a pas été basée sur la science mais a été négociée entre les syndicats (industriels) et le gouvernement de cette époque ».¹⁰⁵ Dans les faits, les normes actuelles ne protègent que contre les effets thermiques aigus pour des expositions très courtes et intenses et pas contre les effets nocifs des expositions de faible intensité et de longue durée, comme le cancer, les effets sur le système nerveux ou la reproduction.

ICNIRP – une indépendance toute relative

Cette institution est reconnue par l’OMS comme étant une commission scientifique indépendante promouvant la protection contre les rayonnements non ionisants dans l’intérêt de la population et de l’environnement. Ses expertises font référence pour définir les seuils limites d’exposition aux ondes.¹⁰⁷

Or, de nombreux chercheurs membres de l’ICNIRP tels Isabelle Lagroye, René de Sèze ou Bernard Veyret ont vu leurs recherches financées par l’industrie, en violation des règles déontologiques de cette commission.¹⁰⁸ En pratique, cette organisation opaque nie les effets non thermiques des ondes de faible intensité, en rejetant les nombreuses études prouvant ces effets.¹⁰⁹

Aujourd’hui l’ICNIRP prépare un guide avec des modifications pour la 5G afin de permettre son déploiement technique. Elle envisage ainsi de multiplier jusqu’à 20 fois plus l’exposition locale aux rayonnements des micro-ondes.¹¹⁰

AFSSE – un institut défaillant

L’Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) a pour but d’évaluer les risques sanitaires liés à l’environnement. Son premier avis sur la téléphonie mobile et les ondes, publié en avril 2003, a été très vivement critiqué. Parmi les rédacteurs de l’étude, on retrouve René de Sèze, Isabelle Lagroye et Bernard Veyret, tous en lien avec les industriels de la téléphonie mobile.¹¹¹ Les associations Agir pour l’environnement et PRIARTEM ont dénoncé cette mascarade cautionnée par l’état.¹¹²

Les œillères de l’ARCEP

L’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (ARCEP) a lancé la procédure d’attribution des fréquences 5G. Cette technologie qui va être déployée en France a servi à la persécution des Ouïghours en Chine. Huawei, qui possède les 2/3 des infrastructures 5G dans le monde est le cheval de Troie du régime communiste chinois dont la technologie est devenue un important outil de répression et de limitation des libertés avec le « China Skynet », appelé encore « Safe City ».¹¹³ De son côté, le gouvernement français dit n’avoir rien de précis à reprocher à la marque !¹¹⁴

La propagande ¹¹⁵ bien rodée d’Enedis demande une bonne dose de discernement, de courage et de détermination pour y résister. Rappelez-vous qu’aucune loi n’oblige le particulier à accepter un compteur Linky ¹¹⁶, et que faire respecter son choix de refus relève de la liberté de chacun !

Le système est constitué de :

Les premières mesures individuelles :

• Lettre à Enedis Paris et de votre région : Envoyez une lettre de mise en demeure par recommandé avec accusé de réception notifiant le refus du compteur Linky.
• Lettre au Syndicat Départemental d’Énergie : Adressez une copie de cette lettre au SDE auquel le maire a concédé la gestion des compteurs.
• Appel au support client Linky : au 0800 054 659 pour vérifierl’enregistrement de votre refus. Ne vous laissez pas intimider par leurs propos mensongers, que vous pouvez enregistrer à titre de preuve, et confirmez vote refus.
• Pose d’un autocollant ou d’une plaquette sur le compteur à l’extérieur de chez vous : afin de rappeler aux poseurs que la pose forcée sur une propriété privée est une infraction passible de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
• Compteur à l’extérieur : protégez-le par « barricadage » tout en permettant aux techniciens de faire la relève (création d’une lucarne permettant la lecture de l’index ou indication d’un numéro de téléphone).¹¹⁷
• Compteur à l’intérieur : refusez l’accès au compteur. Vous en avez le droit, même si Enedis dit le contraire.
• Lettre à Enedis par lettre recommandée avec accusé de réception indiquant votre refus de l’enregistrement, la remontée et la mise à disposition de la courbe de charge.

Entraide et solidarité :

• Informez vos voisins pour faire front et résister ensemble.
• Prenez contact avec le collectif de votre région : pour connaître les dernières actions et mesures, ou en cas d’intimidation verbale ou écrite de la part d’Enedis suite à votre refus.¹¹⁸

Pour aller plus loin – agir au niveau collectif :

• Demandez à votre maire la mise à disposition gratuite d’une salle pour une soirée d’information effectuée par un collectif Stop Linky.
• Participez à une action juridique collective contre Enedis et/ou l’état. Elle vous permet d’être acteur de votre refus, d’agir à moindre coût et de manière solidaire.¹¹⁹
• Rejoignez le collectif Stop Linky de votre région. Aidez-le à faire connaître les actions et soirées d’informations. Soutenez-le matériellement et/ou financièrement.

Actions que peut entreprendre une mairie

Un arrêt du conseil d’état du 28 juin 2019 considère que le maire qui a cédé la gestion de ses compteurs à un Syndicat Départemental d’Énergie (SDE) n’est plus propriétaire de ses compteurs. Dès lors, toutes les procédures de refus fondées sur la nécessité d’une décision de désaffectation ou d’aliénation par le conseil municipal,n’ont plus lieu d’être. ¹²⁰

Seuls les maires qui n’ont pas signé d’acte de concession et transféré leurs compétences à un Syndicat restent propriétaires des compteurs et peuvent encore agir :

• Prise d’un arrêté garantissant aux usagers l’exercice de leur choix de refuser ou accepter l’accès à leur logement ou propriété, la transmission des données collectées par le compteur à des tiers partenaires.
• Prise d’un arrêté refusant le changement des compteurs sur les lieux publics accueillant les jeunes enfants et adolescents (crèches, écoles, cantines scolaires, médiathèques, etc.).
• Organisation de pétitions locales pour recenser les refus individuels du Linky dans la commune. Cela peut ensuite être une base pour une plaidoirie au fond par un avocat.
• Soutien de soirées d’information ou de permanences organisées par un collectif Stop Linky.
• Être vigilant aux nuisances de proximité et ne pas laisser installer des antennes relais et des concentrateurs sur les lieux sensibles et proches des habitations.

Illustration : Hervé Pinel